Le Quatrième dimanche de Carême exprime dans la liturgie l’allégresse des pèlerins se rendant à Jérusalem. Malgré le sombre contexte actuel, et peut-être aussi pour en conjurer les inquiétudes, c’est donc sous le signe de la joie que l’abbaye Sainte-Marie de Fontcaude a tenu à célébrer, en retard de quelques mois du fait des longues restrictions sanitaires, les quarante ans de son orgue positif Bertyl Sotoul.

Jean Mercier, titulaire des orgues de l’église de Nissan-lez-Ensérune, avait choisi de faire entendre toute la palette sonore de l’instrument à travers des pièces de musique française des XIXème et XXème siècles, proches de la modalité grégorienne comme le Choral dorien de Jehan Alain ou la petite suite de Charles Tournemire, ou plus tonales et alliant entrain et pauses méditatives avec des extraits de l’Anonyme de l’église Saint-Pierre-Chartreux de Toulouse, de François Benoist et de César Franck.

Ces pièces alternaient avec des chants du propre grégorien de la messe du jour où résonnaient les paroles festives : Laetare Jerusalem (introït), Laetatus sum (graduel) et Jerusalem (communion), interprétés par des membres du chœur Occitania sacra. Chanteurs et organiste se sont unis enfin autour des Litanies carolingiennes, acclamations pour le couronnement de Charlemagne, chantées le matin du dimanche de la Résurrection.

Un temps fort de retrouvailles au cours duquel le président de l’Association des Amis de Fontcaude, Jacques Michaud, a rappelé l’importance du calendrier et des symboles s’inscrivant dans la course du temps, universel et personnel. L’après-midi s’est achevée par la dégustation, offerte par l’oenologue et propriétaire Philippe Bermont, de vins du Domaine du Mas de Ronnel, du nom du cours d’eau coulant au pied de la falaise qui surplombe la commune de Cazedarnes à laquelle appartient le hameau de Fontcaude. « Bonum vinum, vinum generosum » comme il est dit dans un poème des Carmina Burana, ces poèmes des moines de l’abbaye de Beuren…! Puissent ces instants partagés dans la paix de notre petit val habiter et nourrir nos cœurs et nos esprits.

Rédigé par Jean-Christophe Deydier.